Fonds souverain à la française, voitures thermiques, prix de l’énergie, hausses de salaires… Si Jordan Bardella devient Premier ministre après les législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet, plusieurs mesures du programme économique du Rassemblement National (RN) toucheront directement les Français. Ces mesures promettent de transformer la gestion de l’épargne dormante des ménages.
Un programme économique sous la loupe
Sept ans après le débat présidentiel de 2017 où Marine Le Pen n’avait pas brillé sur les questions économiques face à Emmanuel Macron, le RN tente une nouvelle approche. Jordan Bardella, président du RN, pourrait devenir Premier ministre après les élections législatives anticipées. Cependant, les critiques concernant le sérieux et la rigueur économique du RN persistent, selon une note de la fondation Jean-Jaurès.
L’épargne dormante dans le viseur
L’économie ne concerne pas uniquement les grandes entreprises et les élites. Le « fonds souverain » français envisagé par le RN vise directement l’épargne des ménages. Lors d’une audition par le Medef le 18 avril, Jordan Bardella a critiqué la sur-épargne des Français, qu’il considère comme l’une des plus élevées de l’OCDE.
Pour lui, cette épargne, souvent laissée inactive, pourrait financer la réindustrialisation, les infrastructures nucléaires, la technologie et les PME. Il propose ainsi de créer un fonds souverain garantissant le capital et offrant une rémunération supérieure de 2 points à l’inflation.
Une ambition jugée irréaliste
Catherine Lubochinsky, membre du cercle des économistes, a analysé le programme économique du RN pour le magazine Challenges. Elle estime irréaliste l’objectif de drainer 500 milliards d’euros d’épargne en cinq ans, alors que l’épargne réglementée augmente seulement de 40 milliards chaque année. En outre, elle s’interroge sur la durée minimale de placement et le coût potentiel pour les contribuables en cas d’investissements hasardeux.
Augmentation des salaires et réduction de la TVA sur l’énergie
Le RN propose également une augmentation de 10 % des salaires sans charges sociales ni fiscales. Cependant, François Asselin, président de la CPME, se demande comment les entreprises pourront supporter cette hausse sans répercuter les coûts sur les prix de vente. Concernant la facture d’énergie, le RN envisage de réduire la TVA de 20 % à 5,5 %, ce qui coûterait environ 10 milliards d’euros par an selon l’institut Montaigne. Cependant, le Conseil des prélèvements obligatoires estime que l’impact de cette réduction sur les prix de l’énergie serait très limité.
Opposition à l’interdiction des véhicules thermiques
Le RN s’oppose également à l’interdiction des véhicules thermiques neufs, prévue pour 2035 en Europe. Jordan Bardella affirme que ces véhicules sont trop chers, mais l’Agence internationale de l’énergie prévoit que les nouvelles technologies de batteries pourraient réduire les prix des véhicules électriques de 20 % d’ici 2035. Cette contradiction met en lumière les incohérences du programme du RN.
Critiques des directives européennes
Le RN veut aussi s’attaquer à la directive européenne Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD) et celle sur le devoir de vigilance. Ces directives renforcent les obligations des entreprises en matière de publication de rapports extra-financiers et de responsabilité sur l’environnement et les droits humains. La fondation Jean-Jaurès souligne que ces directives favorisent la production française, une position contradictoire avec les déclarations du RN sur la protection du pouvoir d’achat et des PME.
L’impact sur les ménages et les PME
Jordan Bardella veut alléger l’inflation des normes pour les PME et protéger le pouvoir d’achat des ménages. Cependant, la suppression des directives européennes pourrait nuire à ces objectifs en affaiblissant les mesures qui favorisent la production locale et la transparence. La fondation Jean-Jaurès critique cette approche contradictoire qui pourrait avoir des effets négatifs sur l’économie française.
Les propositions économiques du RN sous Jordan Bardella suscitent de vives critiques et de nombreuses interrogations. L’idée de mobiliser l’épargne dormante des Français pour financer des projets ambitieux est ambitieuse, mais jugée irréaliste par de nombreux experts. Les mesures proposées, bien qu’attractives en surface, soulèvent des questions sur leur faisabilité et leur impact réel sur l’économie et les ménages français.
![Manuella Maury](https://interloque.com/wp-content/uploads/2023/11/avatar_user_1_1700144137-100x100.jpg)
Manuella Maury est une journaliste suisse renommée, connue pour son travail approfondi et son style d’écriture captivant. Née en 1980 à Lausanne, Manuella a développé dès son plus jeune âge un intérêt marqué pour le journalisme et la communication.
Elle a fait ses études à l’Université de Genève, où elle a obtenu un diplôme en journalisme et communication de masse. Après ses études, Manuella a commencé sa carrière dans un petit journal local à Genève, où elle a rapidement fait ses preuves par sa capacité à traiter des sujets complexes avec clarté et précision.